mardi 24 janvier 2017

Les moineaux grandissent moins bien en ville qu'à la campagne

Moineau domestique mâle (photo: Benjamin Vollot)
Dans plusieurs grandes villes européennes, les moineaux disparaissent. Mais quelles sont les causes de ces déclins urbains ? En septembre, nous vous annoncions qu'un projet de recherche de trois ans va démarrer sur cette question. Mais une première réponse se dessine déjà... En 2014, 25 bagueurs ont mesuré 599 moineaux domestiques dans 30 populations implantées dans des sites plus ou moins urbanisés (allant de fermes isolées au Jardin des Plantes au centre de Paris). Et le résultat est facile à comprendre: les moineaux sont plus petits en ville qu'à la campagne, et les plumes de jeunes urbains sont de moins bonne qualité que celles des jeunes ruraux. Les moineaux de ville sont donc handicapés pendant leur croissance. Cela apporte du crédit à l'hypothèse selon laquelle le milieu urbain est caractérisé par un déficit d'insectes, source primordiale de protéines pour le développement des jeunes passereaux. Décidément, cette nouvelle étude renforce le constat que les moineaux ont vraiment du mal à s'alimenter correctement en ville (voir aussi l'article précédent sur le sujet) !
Ces résultats viennent d'être publiés dans le cadre d'une collaboration entre le Centre d'Etudes Biologiques de Chizé (CEBC), et le CRBPO grâce aux bagueurs s'impliquant dans le veille sur les populations de Moineau domestique (SPOL Moineau).

Pour en savoir plus:
Relation entre la densité des plumes (rectrices) de moineaux domestiques et le degré d'urbanisation (rural à gauche, très urbanisé à droite) de l'endroit où ils vivent (reproduit de Meillère et al. 2017).

lundi 9 janvier 2017

Echanges asymétriques entre populations françaises de cigognes blanches

L'analyse des déplacements de cigognes blanches entre les régions de reproduction françaises montre que les populations nordiques fournissent plus d'individus aux populations du sud qu'elles n'en reçoivent (Figure). Les cigognes quittant l'Alsace s'établissent principalement dans la population du centre de la France, alors que les cigognes émigrantes normandes s'installent surtout sur la façade atlantique. Cette asymétrie des échanges d'individus entre populations semble s'être renforcé à partir de la moitié des années 2000. Pour la population alsacienne, ce n'est pas étonnant, la plus grande population nationale générant naturellement un nombre important de candidats à la dispersion. Par contre, pour la Normandie, c'est plus étonnant, les émigrants quittant une petite population pour aller s'établir dans une plus grande population.
Ces connaissances sur le fonctionnement de la métapopulation française de cigognes blanches sont issues du baguage de 10479 cigogneaux, entre 1988 et 2008 (21 ans), par les réseaux de bagueurs et d'ornithologues suivant les populations françaises de cigognes. Ces oiseaux bagués ont généré 1720 données de déplacements (à plus de 5 km), dont 239 entre populations. Sur la période d'étude, le suivi par baguage a été coordonné par le CRBPO. Il se poursuit depuis dans le cadre d'un programme personnel d'envergure nationale, coordonné par Gérard Wey (2009-2015) puis par Hubert Dugué, dans le cadre du Groupe Cigognes France.
Cette première analyse nationale des mouvements de cigognes blanches a été possible grâce à la collaboration entre le Groupe Cigognes France, le CRBPO, le Département Ecologie, Physiologie, Ethologie de l'Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien (Strasbourg), et le Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive, dans le cadre des recherches doctorales de Emilio R. Rojas (financé par un contrat doctoral de l'Université de Strabourg).

Référence:

Rojas, E.R., Sueur, C., Henry, P.-Y., Doligez, B., Wey, G., Dehorter, O., Massemin, S. et Groupe Cigognes France (2016). Network analysis shows asymmetrical flows within a bird metapopulation. PLoS One, 11, e0166701

Figure. Changements entre 1988 et 2005 des échanges d'individus au sein de la métapopulation française de Cigognes blanches. Chaque nœud représente une population géographique de reproduction, et l'épaisseur des traits entre nœuds est proportionnelle au nombre d'individus ayant effectué le déplacement correspondant. Les flèches indiquent le sens des déplacements. Reproduit de Rojas et al. (2016).