vendredi 21 décembre 2018

Les moineaux qui grandissent en ville sont plus stressés que ceux des campagnes

Niveau de corticosterone en fonction du degré d'urbanisation
Précédemment, nous avions déjà révélé que les moineaux qui ont grandi en ville sont plus petits, et ont des plumes de moins bonne qualité, que ceux ayant grandi à la campagne (voir l'article).
Dans une étude parue aujourd'hui, nous confirmons que, pendant leur croissance, les jeunes moineaux urbains sont exposés à un stress physiologique chronique plus élevé que les jeunes moineaux ruraux. 
Des plumes de queue (rectrices) ont été collectées sur 111 moineaux domestiques juvéniles, dans 11 populations implantées dans des sites plus ou moins urbanisés en France. Le résultat principal est que plus l'environnement de naissance des moineaux est urbanisé, plus la concentration de corticostérone (l'hormone médiatrice de la réponse à un stress physiologique chronique) est élevée dans les plumes. Cette hormone est déposée dans les plumes passivement, lors de la croissance, c'est à dire lorsque les moineaux étaient encore dans leur nid.
Ces résultats sont le fruit d'une collaboration entre le Centre d'Etudes Biologiques de Chizé (CEBC) et le CRBPO, grâce aux bagueurs s'impliquant dans le veille sur les populations de Moineau domestique (SPOL Moineau), et avec le soutien de l'Agence Nationale de la Recherche (programme URBASTRESS).

Pour en savoir plus:

Beaugeard, E., Brischoux, F., Henry, P.-Y., Parenteau, C., Trouvé, C. & Angelier, F. (2018). Does urbanization cause stress in wild birds during development? Insights from feather corticosterone levels in juvenile house sparrows (Passer domesticus). Ecology and Evolution.

Rédacteur: Pierre-Yves Henry

mercredi 31 octobre 2018

Dernières reprise remarquables

Sélection de quelques contrôles/reprises remarquables arrivés au CRBPO au cours du mois d'Octobre 2018.

Fou de Bassan bagué poussin aux sept-îles, Perros-Guirrec (22) le 30/06/1989 trouvé mourant sur la côte suédoise de la province de Halland le 28 Septembre dernier. Outre l'âge remarquable, il s'agit d'un cas intéressant de dispersion d'un individu née en France.

Vieille bague russe Moskva trouvée en ce début d'année en Ariège à l'aide d'un détecteur de métaux :
il s'agissait d'un Héron cendré bagué poussin en Juin 1996 dans le  Nord-Ouest de l'Ukraine (proche frontière Belarus et Pologne) !

Oie rieuse portant une bague islandaise reprise à la chasse le 26/10/2018 à Looberghe (59), femelle adulte capturé en Septembre 2017 près de Reykjavik, une première en France pour une oie de cette espèce baguée sur cette île.

Patte baguée découverte le 21/10/2018 près de Pskov, nord Ouest de la Russie (proche frontière Estonie/Lettonie). L'oiseau porteur était une Grive musicienne capturé le 15/10/2016 au Fort-Vert/ Marck (62). Peu d'informations récentes aussi loin à l'Est pour cette espèce.

Contrôle par un bagueur le 04/06/2018 d'un mâle de Pouillot fitis bagué "Paris"  au bord de la Mer Baltique sur le territoire russe du Kaliningrad . Individu de première année civile capturé le 28/08/2017 à Saint-Julien-du-Sault (89). Les contrôles au sein de l'aire de répartition de la sous espèce acredula sont peu fréquents !

Reprise d'un jeune Faucon sacre (!) initialement découvert épuisé à Pliezhausen, Allemagne de l'ouest le 24/08/2018, bagué et relâché le 25/09/2018 avant que sa dépouille consommé par un rapace non identifié (probablement grand-duc)  ne soit découverte le 24/10/2018 à Florac (48). Il s'agit de la 3 ème reprise de bague pour ce faucon rarissime en France (les 2 précédentes concernait un Hongrois et un Slovaque).




vendredi 26 octobre 2018

Comment dissuader des grands corbeaux de se regrouper près d'élevages ? Le dérangement ou le déplacement des individus sont inefficaces.



Grand corbeau avec marques et balise GPS

Suite à des problèmes de grands corbeaux impactant des activités agricoles (élevage) en périphérie d’une centre de stockage des déchets à ciel ouvert, l’ONCFS a été mandaté pour mettre en œuvre des actions de gestion pour réduire ces conflits locaux entre activités humaines et faune sauvage. Néanmoins, pour s’assurer de l’efficacité des mesures prises, un projet de recherche a été monté en parallèle, porté par Christian Itty, pour mesurer l’impact de deux mesures classiquement préconisées dans cette situation : (i) la perturbation des individus (pour disperser les regroupements locaux) et (ii) le déplacement des individus (captures pour relachers à distance, dit translocation). Ces actions étaient celles préconisées par le Conseil National de Protection de la Nature, suite à plusieurs examens du dossier. Cette étude a donné lieu au dépôt d’un programme personnel auprès du CRBPO (PP n°800).
Dans un article paru récemment, Marchand et al. (2018) ont évalué l’efficacité (i) de perturbations ponctuelles (tirs non létaux) effectuées en fin de journée lors des phases d’alimentation sur le casier puis lors de la constitution des dortoirs pendant deux soirées consécutives, et (ii) de délocalisations à des distances allant de 20 à 240 km. Pour cela nous nous sommes basés sur des protocoles de Capture-Marquage-Recapture sur des oiseaux bagués couleurs (n=193) et/ou équipés de marques visuelles (n=155), et ré-observés par des observateurs et des pièges photos. Ensuite, nous avons documenté l'écologie spatiale des corbeaux déplacés versus celle de grands corbeaux témoins (c'est-à-dire libérés in situ, sans déplacement). Bien que la probabilité de retour varie largement avec la distance et le temps de relocalisation après la libération, 85,3% des grands corbeaux déplacés sont revenus à la décharge en 3 ans. Et les perturbations ponctuelles n’ont diminué l’abondance sur site des corbeaux que pendant quelques heures. Plus généralement, cette étude a révélé que les grands corbeaux non-reproducteurs ont un domaine vital extrêmement étendu et se déplacent sur de grandes distances. Ils fonctionnent selon un réseau de sites de regroupements, à l’échelle de quasiment tout le Massif Central. Le suivi mis en œuvre grâce au déploiement d’émetteurs GPS (n=32) a permis de documenter que la superficie totale occupée par les corbeaux contrôles atteint 40492 km², soit 22% de l’aire de répartition de l’espèce en France. A l’échelle du jour, et de la semaine, le taux de remplacement des individus dans la zone d’étude (casier du centre de stockage des déchets) était très élevé (32% de renouvellement par jour, 64% par semaine).
Du fait de ces éléments inconnus au départ, les actions de gestion ponctuelles / locales telles que préconisées n’ont pas eu l’impact souhaité et n’ont donc pas d’intérêt à être poursuivies ou généralisées (sans mentionner les autres aspects négatifs, tels que le bilan carbone, les ressources dédiées, et les perturbations ponctuelles inutiles aux espèces non-cibles).

La poursuite du suivi montre que le taux de retour continue encore à augmenter, certains oiseaux revenant même longtemps après la durée initiale de suivi. Par ailleurs l’équipement avec un GPS d’un jeune d’origine connu (au nid) a montré que sa distance de dispersion dépasse la centaine de km peu de temps après son émancipation. Cela montre que ces zones de regroupement accueillent des oiseaux pouvant être nés très loin, et que le site d’étude peut en fait drainer des oiseaux de tout le centre et le nord du Massif Central, voire au-delà. Enfin nous savons avec nos observations actuelles que la durée de présence des oiseaux au sein de ces regroupements peut s’étaler sur plusieurs années. En effet aujourd’hui des oiseaux marqués adultes dépassant les 5 ans sont toujours présents au sein de ces regroupements de jeunes/immatures, qui accueillent donc aussi des oiseaux expérimentés mais non cantonnés en tant que reproducteurs.

Pour en savoir plus, lisez les articles :

Loretto, M.-C., Schuster, R., Itty, C., Marchand, P., Genero, F. & Bugnyar, T. (2017). Fission-fusion dynamics over large distances in raven non-breeders. Scientific Reports, 7, 380

Un exemple d'évolution de la migration en cours: afflux de pouillots à grands sourcils en France

Evolution du nombre d'individus capturés en France (Zucca 2017)
L'affluence du Pouillot à grands sourcils va probablement encore battre des records en Europe de l'Ouest cet automne. Ce tout petit passereau (6-7 g) asiatique hiverne normalement en Asie du Sud-Est. Mais depuis 2012, il y a de plus en plus d'individus de cette espèce qui migrent vers l'Europe de l'Ouest, atteignant la France. Maxime Zucca a publié une synthèse en 2017 sur l'affluence de cette espèce en France, intégrant toutes les observations collectées lors des opérations de baguage pour l'étude des migrations (en particulier le programme PHENO du CRBPO). Cet article résume également les derniers critères proposés pour l'identification de l'âge des individus. Ce point est particulièrement important pour les bagueurs, car l'espèce devenant de plus en plus fréquente, il est souhaitable que nous ayons tous l'information nécessaire pour bien identifier l'âge des individus que nous capturerions. L'âge-ratio permet notamment de mieux comprendre si il s'agit juste d'afflux occasionnels (avec essentiellement des oiseaux de 1ère année), ou si il s'agit de nouvelles voies de migration établies auxquelles les oiseaux sont fidèles d'une année sur l'autre (et dans ce cas, il est attendu une proportion d'adultes plus importante, de l'ordre de 20%). Nous vous invitons à lire cet article pour plus de détails, et en particulier pour découvrir les hypothèses avancées pour expliquer cette évolution migratoire.
Distribution des 61 individus capturés lors de la migration postnuptiale et l'hiver 2017-2018 (Dehorter & CRBPO 2018)

Références:
Dehorter O. & CRBPO (2018). Base de données de baguage et de déplacements d’oiseaux de France. Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, France.
Zucca, M. (2017). Évolution récente du statut du Pouillot à grands sourcils Phylloscopus inornatus en France. Ornithos, 24, 201–223

Nous remercions l'éditeur du journal Ornithos, Marc Duquet, d'avoir accepté que cet article soit rendu accessible à tous. 

Rédacteur: Pierre-Yves Henry

vendredi 28 septembre 2018

Des indicateurs locaux pour renseigner chacun sur l'état et le fonctionnement des populations d'oiseaux du site qui l'intéresse

Le suivi des populations reproductrices d'oiseaux communs par le baguage (STOC Capture) demande un investissement en temps et moyen important de la part de chaque bagueur qui y participe. En contrepartie, depuis 2017, les bagueurs et leurs partenaires reçoivent annuellement un rapport personnalisé sur l'état et le fonctionnement des populations d'oiseaux du site qui les intéressent. Le but de ce rapport est que chacun puisse comprendre si les variations qu'il observe d'une année sur l'autre sur son site sont plutôt attribuables à des phénomènes généraux (p. ex. année de forte chaleur à l'échelle nationale; la majorité des sites varient de la même façon), versus à des phénomènes locaux, spécifiques du site (p. ex. une sécheresse locale, une inondation du site; le site d'intérêt se comporte très différemment des autres sites). Distinguer ces deux échelles est important car, pour les gestionnaires de site, l'échelle d'action est locale: il faut qu'ils puissent se rendre compte de l'effet de leurs actions à l'échelle du site qu'ils gèrent.

Vous trouverez sur le site du CRBPO, à la page dédiée au STOC Capture, des présentations expliquant le principe de ces rapports, comment interpréter les figures contenues dans ces rapports, et un exemple de rapport.

Ces rapports reposent sur 4 indicateurs rendant compte des variations entre sites et d'une année sur l'autre:
- de l'abondance des passereaux (le nombre d'adultes capturés),
- de leur reproduction (dite productivité: proportion de jeunes parmi les oiseaux capturés),
- de leur survie et leur fidélité au site (proportion d'individus retrouvés sur le même site l'année suivante), et
- de leur condition corporelle (masse relative).

Vous trouverez les indicateurs à l'échelle nationale, pour la période 1989-2017 et 281 des sites suivis, à la fin de la section de la page dédiée au Reporting STOC Capture.

La production de ces indicateurs a été possible grâce au soutien financier de la Région Nord-Pas de Calais et de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (projet DEMOSPACE, voir le mini-film de présentation), et au développement par Romain Lorrillière d’un programme d’analyse dédié.

Exemple: variations annuelles de productivité entre sites, habitats et types de migration

vendredi 24 août 2018

L'impact direct du baguage sur les oiseaux est faible, mais à surveiller et toujours à réduire

Capture, marquage et mesures d'un Accenteur alpin (P.-Y. Henry)
Pour conserver les populations d'oiseaux il faut comprendre les processus sous-jacents à leurs changements, qu'ils soient d'ordre démographique ou migratoire. Et pour cela, il est nécessaire d'en capturer et d'en marquer un certain nombre afin de suivre leur devenir (par le baguage). Néanmoins, toute activité de capture fait courir un risque aux animaux. C'est une grande partie de l'enjeu de la formation préalable à l'obtention d'un permis de baguage: apprendre à capturer et manipuler des oiseaux sans les blesser, et en les stressant le moins possible.
Les entités gérant le baguage des oiseaux ont toujours eu le souci de minimiser ces risques encourus par les oiseaux. Toutefois, l'obligation de moyens n'est pas suffisante et elle doit être accompagnée d'une obligation de résultats. Il faut ainsi chiffrer objectivement le taux d'oiseaux qui sont affaiblis, ou blessés, voir tués, accidentellement lors des opérations de baguage. Les bagueurs nord-américains ont été les premiers à publier des statistiques sur l'impact direct du baguage sur les oiseaux (Spotswood et al. 2012), reportant un taux de mortalité lors de la capture au filet japonais de 0.2-0.3%. Ce taux de mortalité est en fait très proche du risque journalier de mort par une cause naturelle pour un petit passereau (0.15-0.25%). Le taux de morbidité (blessures, affaiblissement) est lui de 0.6%. Ces taux de mortalité et morbidité à la capture sont 10 à 100 fois plus faibles que pour les suivis par piégeage de mammifères ou de reptiles (Soulsbury et al. 2020). A noter que les oiseaux relâchés blessés ont une chance de survie (d'être recapturés ultérieurement) identique à celle des oiseaux relâchés en bonne santé, rassurant sur le fait que les blessures sont majoritairement bénignes et peuvent être surmontées par les oiseaux.

Le centre de baguage du Royaume-Uni (British Trust for Ornithology) vient de publier des statistiques de mortalité similaires, se basant sur l'examen d'1.5 millions de captures d'oiseaux pour 166 espèces (Clewley et al. 2018).  Le taux moyen de mortalité est de 0.11%. Les juvéniles sont plus à risque que les adultes. Le risque majeur qui a été détecté consiste en la prédation directement dans le filet (particulièrement en hiver), avant que les oiseaux ne soient extraits par le bagueur. Les espèces réputées sensibles et devant recevoir une attention particulière ont effectivement un risque de mortalité supérieur (0.3% pour le Bouvreuil pivoine et le Pouillot véloce). Les recommandations sont donc de visiter le plus fréquemment possible les filets, et de traiter en premier les espèces et individus particulièrement à risque. Le premier enjeu pour réduire ces morbidités et mortalités induites est la bonne formation des bagueurs, et leur sensibilisation à l'importance des mesures de prévention à leur disposition.

Dans la même perspective d'auto-évaluation et de veille sur l'impact du baguage, depuis 2014, il est obligatoire en France de transmettre informatiquement tous cas de morbidité ou mortalité constaté sur les oiseaux lors des opérations de baguage. Les bagueurs sont sensibilisés aux principes éthiques encadrant l'utilisation d'animaux à fins scientifiques, l'enjeu principal étant de réduire les risques encourus par les oiseaux capturés. Par ailleurs, depuis 2018, tout oiseau mort accidentellement lors d'une opération de baguage doit être conservé et remis à un organisme scientifique afin qu'il contribue à la science.

Pour plus d'information, lisez les articles:

 
Soulsbury, C., H. Gray, L. Smith, V. Braithwaite, S. Cotter, R. W. Elwood, A. Wilkinson, and L. M. Collins. (2020). The welfare and ethics of research involving wild animals: A primer. Methods in Ecology and Evolution (publié en ligne en juin 2020).
 

Rédacteur. Pierre-Yves Henry

lundi 20 août 2018

Les oiseaux communs sont plus grands les années de forte production primaire

Taille d'aile des jeunes en fonction de la productivité du printemps
La taille des jeunes passereaux varie-t-elle d'une année sur l'autre ? Et pourquoi ? Cette question a été au cœur de la thèse de doctorat de Nicolas Dubos. Dans un article paru récemment, nous montrons que la taille (longueur d'aile) des jeunes de 41 espèces communes est plus grande les années de forte production primaire (c'est à dire de forte production végétale, suivant l'Indice de Végétation par Différence Normalisée, NDVI). Cette relation se comprend par le fait que, plus il y a de production végétale, plus il y a d'invertébrés (larves), et plus il y a de nourriture disponible pour assurer la croissance des jeunes passereaux. Au-delà de l'effet de la production primaire, il y a également un effet (moindre) de la température au printemps: plus il fait chaud au printemps, plus les jeunes sont grands, probablement du fait des contraintes réduites au cours de la croissance. En effet, à notre latitude tempérée, la contrainte principale limitant la croissance au printemps semble être le froid, au travers d'effets direct (perte de la chaleur) et indirects (productions primaire et secondaire réduites). Ainsi, les années chaudes sont bénéfiques à la croissance des jeunes. Ces variations de taille sont de l'ordre du 10ème de millimètre (d'où l'importance de prendre les mesures avec le plus de précision possible). Un autre message original et important de cette étude est que, même si il existe des déterminants macro-écologiques à large échelle et communs à toutes les espèces de la taille des jeunes, ces déterminants ont une influence faible (10 à 13% de la variance totale de taille), et ce sont des processus locaux (à l'échelle des sites), spécifiques à chaque espèce, qui expliquent la majorité des variations inter-annuelle de taille des jeunes. Ces déterminants locaux et spécifiques restent à étudier.

Cette étude repose sur les mesures de 107193 longueurs d'aile et de 82022 masses de passereaux nés dans l'année, collectées dans le cadre du programme de Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Capture, entre 2000 et 2014, par 382 bagueurs bénévoles sur 257 sites sur toute la France. Nous les remercions (nommément dans l'annexe A11) pour cet effort sur la durée, qui a permis cette publication dans Ecography, le 4ème meilleur journal international de conservation de la biodiversité.
 
Pour plus d'information:
Dubos, N., Le Viol, I., Robert, A., Téplitsky, C., Ghislain, M., Dehorter, O., Julliard, R. et P.-Y. Henry (2018). Disentangling the effects of spring anomalies in climate and net primary production on body size of temperate songbirds. Ecography (Cop.)., 41, 1319–1330 (lien vers le PDF).

Voir aussi l'article sur le blog d'Ecography.


jeudi 19 juillet 2018

Proportion significative de Gorgebleues à miroir de Nantes (Cyanecula svecica namnetum) découverte dans une population de Gorgebleues hivernant au Maroc




Afin de commencer à documenter l’importance potentielle des marais littoraux nord africains pour la Gorgebleue à miroir de Nantes (Cyanecula svecica namnetum, sous-espèce endémique des côtes françaises), pendant dix jours de l’hiver 2015-2016, l’équipe de BioSphère Environnement (www.biosphere-environnement.com) a conduit une campagne de baguage au Maroc, au sein de l’éco-complexe Sidi Moussa-Walidia (32°46'52.10"N, 08°58'33.30"O). 

Exemple d’habitat propice à l’hivernage de la Gorgebleue à miroir au sein de l’éco-complexe de Sidi Moussa-Walidia (Maroc).
 L’analyse des données biométriques et l’utilisation d’une méthode de ré-échantillonnage non paramétrique des données ont révélés au sein de la population échantillonnée une proportion moyenne d’oiseaux identifiables comme Gorgebleues à miroir de Nantes d’au moins 38% (17 - 54% dans l’intervalle de confiance 95%). Malgré la petitesse de l’échantillon (n = 24 captures) ces données collectées pour la première fois en Afrique du Nord sur une échelle spatiale et temporelle limitée, confirment : 1) la proportion potentiellement significativement importante de C. svecica namnetum parmi les populations de Gorgebleues à miroir hivernant au sein des zones humides littorales nord africaines et 2) l’attention particulière devant être portée à ces espaces pour une meilleure prise en compte des menaces pesant sur les populations de cette sous-espèce à effectifs limitées et fortement dépendante des zones humides littorales atlantiques.


Gorgebleue à miroir de Nantes (Cyanecula svecica namnetum) capturée et baguée au sein de l’éco-complexe de Sidi Moussa-Walidia (Maroc).

Référence :

Musseau R. & Beslic S. (2017) - Significant proportion of the French coastal endemic Bluethroat (Cyanecula svecica namnetum) discovered in a Bluethroat population wintering in the Sidi Moussa-Walidia complex (Morocco). Bulletin de l'Institut Scientifique de Rabat, Section Sciences de la Vie, n°39: 19-22.


No reproduction for Greenlandic shorebirds this year?

Avis aux observateurs côtiers !

Vous trouverez ci dessous des nouvelles récentes concernant la saison de nidification  2018 ou plutôt l'absence de reproduction (!) des populations de limicoles du Nord-Est du Groenland en raison d'une couverture neigeuse persistante, phénomène apparemment inhabituel.

 L'âge ratio et la survie adulte des Bécasseaux sanderlings et maubèches ou des Tournepierres originaire de cette région qui passent ou hivernent sur le littoral français risque d'être impacté.

Copiright J.Reneerkens


Les chercheurs néerlandais et danois étudiants en particulier le Bécasseaux sanderlings Calidris alba sont donc intéressés par vos observations (lecture de bagues couleurs et âge ratio).


Dear shorebird enthusiast,

It is early July, and most Arctic shorebirds are on their breeding grounds now. I have just returned from Zackenberg in northeast Greenland, and it appeared to be a non-breeding season, which I have never experienced before. It looks like hardly any shorebird will breed this year along the entire east coast of Greenland, so I would already like to ask for your help to document the (extend of the) effects of this odd Arctic summer by counting the number of juvenile and adult Sanderlings when they have returned from the Arctic. You can find a manual of how to do this attached to this e-mail.  Please send your counts to me by e-mail.

Here you can read more about what I witnessed in the last half of June in Greenland:

Please feel free to share this link within your networks.

Best wishes,
Jeroen

jeudi 5 juillet 2018

Programme couleur LIMICOLES COTIERS maintenant sur le WEB !


Petite révolution à la Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron (LPO) en ce début d’année 2018, la base de données « limicoles côtiers » du programme personnel CRBPO n°366 relative au marquage coloré est partiellement accessible sur la toile ! Cette base concerne près de 4200 oiseaux, soit plus de 32 250 contrôles à ce jour. 

Courlis cendré  ©A.Deniau

Dans une logique de faciliter et uniformiser la démarche de saisie des contrôles couleurs pour les observateurs de terrain, les gestionnaires du programme se sont associés au Programme Personnel de baguage Barge queue noire Reproduction et de la LPO Vendée pour proposer une seule interface de saisie : 
Ce site, très simple, permet d’informer tout type de combinaisons, dont les oiseaux des programmes européens. Le site ne permet pas l’obtention des historiques de vies des limicoles bagués à l’étranger, néanmoins, toute saisie d’un oiseau étranger sera transmise périodiquement aux bagueurs réfèrent. Comme toute saisie d’observation nécessite une adresse mail, le porteur du programme étranger aura les informations nécessaires et formatées pour vous transmettre l’historique de vies des oiseaux observés. De plus, passer par le site web facilite l’identification du programme étranger pour les non-initiés.

Vous trouverez une synthèse des schémas des combinaisons de bagues du programme limicoles côtiers ici : 


Le suivi des activités GPS/GSM sur les limicoles, mené en collaboration avec le LIENSs est actualisé par le site : http://limitrack.univ-lr.fr/le-programme/

Merci pour vos futures contributions !


                                                                   L’équipe de la RNN MO

jeudi 22 mars 2018

Suivi par le baguage de la migration du Phragmite aquatique en France, état des lieux fin 2016


Le rapport sur l'état des lieux 2016 du suivi de la migration post-nuptiale du Phragmite aquatique en France, par la méthode du baguage, est disponible sur le site du PNA en faveur du Phragmite aquatique : http://www.bretagne-vivante.org/France/La-protection-du-Phragmite-aquatique/Base-documentaire

Ce rapport synthétise le travail réalisé par l'ensemble des bagueurs bénévoles du réseau du CRBPO/ MNHN, sur l'ensemble des sites en France étudiant la migration de cette espèce menacée.
Il permet d'avoir une vision globale, lié au travail de chacun localement.

Bonne lecture
--
Christine BLAIZE
Coordinatrice du Plan National d'Actions en faveur du Phragmite aquatique
Main Coordinator of National Actions Plan for Aquatic Warbler for France

Visitez le web du  PNA Phragmite aquatique / Visit National Actions Plan for Aquatic Warbler web site : http://www.bretagne-vivante.org/France/La-protection-du-phragmite-aquatique

mercredi 21 mars 2018

LIMITRACK…course poursuite avec les limicoles en Pays Charentais !!


Dans le cadre de la gestion de la Réserve Naturelle Nationale de Moëze-Oléron (LPO), un Programme Personnel sur les limicoles côtiers a été initié par Philippe Delaporte (Conservateur) et Nicolas Boileau (Garde-Technicien) en 2001.

Depuis 2015, certains individus de cinq espèces ont été équipés de balises GPS (Coulis cendré, Barge à queue noire, Barge rousse, et Pluvier argenté porteurs de combinaisons de bagues de couleur + l’Huitrier pie avec GPS seul). La tutelle « recherche » est assurée par le laboratoire LIENSs de l’Université de La Rochelle sur les différentes RNN de Charente-Maritime. 
L’objet initial de ce Programme Personnel est d’appréhender le fonctionnement spatio-temporel de 9 espèces de limicoles côtiers au sein des Pertuis Charentais (17), d’estimer le taux de survie intra et inter annuel et sur leur rôle durant leurs hivernages et leurs haltes migratoires. 

Un volet supplémentaire assuré par le LIENSs, permet de mesurer la relation entre les espèces-proies (macrofaune benthique) ainsi que le rôle des RNN de Charente-Maritime pour ces oiseaux.
Depuis le début de ce programme, 25 430 limicoles ont été bagué donnant lieu à pas moins de 33 000 contrôles (recapture filets + visuels) !

La création du blog « LIMITRACK » zoom sur les espèces équipées de GPS, présente le contexte de l’étude et les objectifs de ce programme ambitieux pour la connaissance et la protection de ces espèces ayant pour la plupart un statut de conservation défavorable : http://limitrack.univ-lr.fr/ .




Ce travail permet d’apporter, par cette nouvelle technologie, des nombreuses connaissances supplémentaires sur des espèces finalement peu connues à l’échelle locale mais également pour certaines au niveau de leurs aires de répartition:
  • ·     en hivernage (acquisition de connaissances sur les domaines vitaux, zones de reposoirs, gisement des espèces proies, rythmes jours/nuits…),
  • ·         en migration (voie de migration au sein des sous espèces, zone de haltes,  comportement face aux conditions climatiques…),
  • ·         en période de nidification (identifier les zones de reproduction, connaissance des habitats utilisés, date d’arrivée/départ…)



Ce blog a été créé et mis en place par le LIENSs coordinateur de ce programme de recherche et de conservation en lien avec les différentes Réserve Naturelle Nationale de Charente-Maritime (LPO).

En vous souhaitant une belle découverte de ce site, qui sera régulièrement alimenter par les folles aventures de ces migrateurs au long cours !



lundi 19 mars 2018

Poxvirose chez les mésanges, trichomonase chez les verdiers: les mangeoires accroitraient le risque épidémique chez les passereaux communs

Mésange charbonnière atteinte de poxvirose aviaire
Les bagueurs du réseau CRBPO suivant les oiseaux en hiver dans le cadre du "Suivi des Populations d'Oiseaux Locaux aux Mangeoires" ont contribué à révéler l'émergence de la poxvirose en France, maladie qui a eu un essor important en Grande-Bretagne dès le début des années 2000. Actuellement, nous avons une veille en cours sur des mortalités suspectes de Verdier d'Europe, probablement pour partie attribuable à la trichomonase comme en Grande-Bretagne.

Une équipe britannique vient de publier une synthèse remarquable sur l'émergence de ces pathogènes en Grande-Bretagne, et leur impact sur les populations de passereaux communs, mettant en avant le rôle probable des mangeoires dans l'accélération de la propagation de ces pathogènes.

Au cours de 2018, avec les projets en cours (en partenariat avec ONIRIS / CVFSE Pays de Loire, et le réseau de veille sanitaire de l'ONCFS - SAGIR),  nous ferons un état des lieux sur ces deux épidémies également émergentes en France.

Pour en savoir plus:
https://www.birdguides.com/articles/garden-birds/to-feed-or-not-to-feed/https://www.birdguides.com/articles/garden-birds/to-feed-or-not-to-feed/

Ou lisez l'article complet: 
Lawson, B., Robinson, R.A., Toms, M.P., Risely, K., MacDonald, S. & Cunningham, A.A. (2018). Health hazards to wild birds and risk factors associated with anthropogenic food provisioning. Philos. Trans. R. Soc. B Biol. Sci., 373


Rédacteur: Pierre-Yves Henry